samedi 2 janvier 2010

injustice : les pauvres payent plus que les riches pour le service bancaire

Une amende de 39 dollars pour un dépassement de 10 dollars

Quelle n'a donc pas été ma surprise, la semaine dernière, de constater que Chase, la compagnie de crédit, me facturait une « amende » de 39 dollars pour avoir dépassé ma limite de seulement 10 dollars ! Coup de fil pour leur demander des comptes : pourquoi m'avoir autorisée à dépenser au-delà d'une limite qu'ils m'ont eux-mêmes fixée ? Je connaissais bien-sûr déjà la réponse : pour mieux m'exploiter ensuite.

Il y a un an, une aventure similaire m'est arrivée avec ma banque. En ouvrant mon compte, je leur avais demandé de m'interdire les découverts. Pour être sûre de ne pas vivre au-dessus de mes moyens, vu que je ne suis pas la meilleure comptable. Ma banque n'en a rien fait. Elle m'a laissé tirer de l'argent au distributeur et payer des additions. Jusqu'à ce que je constate qu'elle m'avait facturé 39 dollars d'amende pour chaque transaction.

Virée chez mon banquier : je demande pourquoi il n'a pas respecté mon souhait de ne pas m'autoriser de découvert.

- Parce que c'est notre politique, me répond-il.
- Mais enfin, puis-je l'empêcher ?
- Non.

Les banques prennent leurs clients en otage

La banque ne va évidemment pas se priver de vous prendre de l'argent à chaque fois qu'elle le peut. Chaque jour, des millions d'Américains se font arnaquer par leurs banques ou compagnies de crédit. Libres de changer les règles du jeu, c'est-à-dire d'augmenter les taux d'intérêt, même rétroactivement, ainsi que le montant et la nature des amendes, elles ont pris leurs clients en otage, leur maintenant la tête sous l'eau à l'heure où ils sont parfois abattus par la perte d'un emploi ou d'une maison.

Excédée par les manoeuvres de ma banque, j'ai fait quelques recherches et je suis tombée sur un excellent documentaire de l'émission d'information « Frontline » de la chaîne PBS. Voici ce que j'ai appris : les consommateurs américains utilisent leurs cartes de crédit au rythme de 100 000 transactions par minute. Le montant de leur dette s'élève à 1 trillion de dollars.

A l'origine de cet endettement, on trouve une institution financière, Providian Financial et son ex-PDG Shailesh Mehta. Il y a trente ans, Providian a révolutionné le marché du crédit en le mettant à la portée de tous, et surtout des plus insolvables. L'objectif : recruter de 30 à 40 millions de bougres qui n'avaient jamais auparavant eu accès au crédit, se contentant par la force des choses, de vivre selon leurs moyens.

« Des gens qui seraient incapables de payer la totalité du solde mensuel, resteraient donc endettés et continueraient ainsi à payer des intérêts. L'objectif étant qu'ils nous soient redevables à perpétuité », admet Shailesh Mehta.
Les pauvres sont les victimes du système

Peu à peu, les consommateurs se sont enfoncés dans les dettes. Ils se sont mis à refinancer leurs emprunts immobiliers pour payer les dettes galopantes de leurs cartes de crédit.

Ce système pervers a engendré une injustice criante : les plus riches paient le moins puisqu'ils sont à même de régler leur solde mensuel tandis que les plus vulnérables paient le plus.

Alors que des millions d'Américains luttent pour survivre, les compagnies de cartes de crédit continuent de jouir d'une entière liberté pour déterminer les taux d'intérêt et amendes sans aucune limite. Une loi régissant leurs pratiques a bien été signée par Obama en mai dernier, mais elle ne doit prendre effet qu'en janvier prochain.

En attendant, les compagnies de cartes de crédit ont profité des huit mois de liberté écoulés pour faire payer les consommateurs à l'avance en leur imposant des augmentations vertigineuses de taux d'intérêt, souvent rétroactivement.

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