mercredi 5 août 2009

BIALYSTOK congrés esperanto

"Je ne vois pas comment l'espéranto pourrait devenir la langue internationale parce que l'anglais a déjà bien pris cette place. Mais il a un avenir en tant que langue, culture et entité internationale ? Oui !", s'exclame Rolf Fantom, 28 ans, élevé dans une famille espérantiste en Grande-Bretagne.

Pour ses adeptes, l'esperanto reste beaucoup plus qu'une langue. Quelque 2.000 espérantistes de 63 pays ont passé la semaine dernière à Bialystok pour un congrès marquant l'anniversaire de la naissance en 1859 dans cette ville du nord-est de la Pologne du créateur de cette langue, Ludwik Zamenhof.

Il est difficile de dire combien de personnes parlent l'esperanto qui, bien qu'employé dans le monde entier, n'est jamais parvenu à l'universalité dont rêvait Zamenhof.

"Il n'y a pas de statistiques officielles et les estimations vont de quelques centaines de milliers à deux millions. Pour être honnête, je dirais que moins d'un million est plus réaliste", a déclaré Jaroslaw Parzyszek (46 ans), qui dirige la Fondation Zamenhof, basée à Bialystok.

Pour ses locuteurs, l'esperanto est bien plus qu'une langue. C'est un réseau mondial de contacts et de rencontres créé bien avant l'internet.

"Son importance est dans le contact avec les gens", estime la Népalaise Indu Devi Thapaliya (45 ans). C'est un Polonais qui a commencé à lui enseigner l'esperanto en 1990 dans la capitale népalaise Katmandou. Elle l'enseigne à présent à son tour et participait la semaine dernière à son cinquième congrès annuel. Celui de Bialystok, clos samedi dernier, était le 94e.

Les graines de l'esperanto ont été semées dans les années 1870. Bialystok faisait alors partie de l'Empire russe et se trouvait dans une région dont les habitants parlaient polonais, yiddish, allemand, bélarusse et russe.

Zamenhof, qui était Juif, a été élevé par des parents de langue russe et yiddish mais a ensuite élevé ses propres enfants en polonais.

"Zamenhof, mon grand-père, tout jeune, observait des inimitiés entre des gens qui ne se comprenaient pas. Et il se disait: +si ces gens pouvaient se comprendre, ils pourraient comprendre le pourquoi des différences, et apprécier ces différences+", a expliqué Louis-Christophe Zaleski-Zamenhof, 84 ans, né en Pologne et vivant actuellement en France.

Zamenhof a créé cette langue facile à apprendre à partir d'éléments des langues romanes, germaniques, et slaves, avec un soupçon de latin et de grec.

Il l'a essayée sur ses camarades d'université lorsqu'il étudiait l'ophtalmologie et l'a publiée en 1887. "Esperanto" était son nom de plume, en allusion à l'espérance.

L'esperanto a rapidement gagné du terrain. En reconnaissance de ses idéaux, Zamenhof a été nominé 13 fois pour le prix Nobel de la paix avant sa mort en 1917.

Cette langue a ensuite été victime de l'Allemagne nazie et de l'Union soviétique de Staline qui voyaient une menace dans son idéalisme et ont fait tuer ou emprisonner certains de ses partisans.

François Randin, 58 ans, qui vient de Suisse, un pays connu pour les malentendus entre germanophones, francophones et italophones, raconte qu'il est tombé amoureux de l'esperanto il y a 15 ans.

"Ce que est merveilleux dans l'esperanto est qu'il est si simple -- mais pas simpliste -- mais si riche", s'enthousiasme-t-il.

Il se rappelle un voyage effectué à travers la Chine grâce à des contacts espérantistes. Avec l'anglais, "on restait dans les bases du petit-déjeuner... du café et du lait...sans aller au-delà ! Avec l'esperanto, je parle avec les Chinois comme je parle avec vous, je peux aller jusqu'à philosopher", dit-il.

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